red notes

Red Notes _ Andy de Groat
© françois lefebvre - remix ccinp

red notes

Créé en 1977 à Halifax au Canada pour des étudiants des Beaux­ Arts, puis en 1978 pour la compagnie Andy de Groat and Dancers, Red Notes deviendra un ballet emblématique du travail d’Andy.
Il donnera d’ailleurs ce nom de « Red Notes » à la compagnie qu’il créera lors de son installation en France.
Sur des textes de Gertrude Stein et une musique de Philip Glass, ce ballet est un monument de la danse non ­narrative de la période dite post­moderne ou minimaliste.
Red Notes permet de faire danser ensemble des gens de tous âges et de tous horizons.
L’écriture de cette pièce allie une grande rigueur des comptes et de la structure avec une grande liberté à l’intérieur du cadre et même des corps.
En 2022, Red Notes aura 45 ans et n’aura pas été remontée depuis 20 ans, les dernières reprises ayant eu lieu à l’Opéra de Rouen et à Odyssud Blagnac. Elles furent toutes deux riches de rencontres, d’échanges et de mélange entre amateurs et professionnels, jeunes et vieux, classiques et contemporains et elles suscitèrent de nombreuses vocations.

Remonter red notes et fan dance aujourd’hui a toujours du sens.

Parce qu’elles parlent d’une époque importante de la danse contemporaine. Parce qu’il faut faire ce travail de mémoire pour envisager l’avenir. Parce que le monde n’a pas changé de trajectoire depuis que Daniel Conrod a écrit dans le programme de salle, lors de la reprise de Red Notes à l’Opéra de Rouen :

 

« Depuis mille neuf cent soixante ­dix ­sept, des mondes se sont effondrés, Murs de Berlin en grand nombre et autres Sarajevo. Le train de l’histoire passe aujourd’hui sous nos fenêtres, comme il passerait sous notre nez, à notre barbe. Ne sommes­-nous plus que des témoins ou des voyeurs ? Ici chez nous, dans ce pays qui n’en est plus tout à fait un – je veux dire qu’il n’est plus un univers souverain, culturellement satisfaisant, économiquement autosuffisant –, les élections se succèdent, la gauche arrive aux affaires, montre qu’elle sait gouverner elle aussi, les politiques culturelles se construisent et se déconstruisent ? L’État, de son côté, se retire avec soulagement ou lâcheté tandis que l’argent devient notre maître le plus ordinaire… Et peu à peu, comme si nous lui
avions été livrés sans appel, l’impératif économique s’insinue dans nos têtes, fabrique nos pensées, formate nos actes, trace les périmètres, façonne nos peurs.
Le dire n’est pas l’empêcher. Le dire, c’est le dire. Ce n’est même que cela.

L’ayant fait, il reste à inventer autre chose, un autre monde […]

Revoir aujourd’hui Red Notes, revoir aujourd’hui Fan Dance, c’est remonter un peu de ce temps qui nous a échappé, débusquer quelques traces enfouies, traquer le fil perdu. Non pas avec mélancolie, mais avec la détermination de chasseurs pacifiques. Marcher marcher marcher… »

© françois lefebvre