swan lac

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© christiane robin

Le Lac

Créé en 1982 

De prince, d’oiseaux et de sortilège, il n’est plus vraiment question ici. Certains chorégraphes se sont davantage emparés du Lac des cygnes en tant que monument de l’art chorégraphique. Emblème du classicisme, le Lac se révèle être vecteur de significations sociales et politiques.

En contrepoint de la partition de Tchaïkovski, Andy de Groat a choisi une musique rock pour l’acte 2 de son Lac, trois titres de l’album des Talking Heads Remain in Light.

Dans ce ballet en trois actes, un trio de danseurs personnifie à lui seul les cygnes arpentant le plateau dans une marche géométrique, répétitive, tout en voltes face et pivots. Leur danse n’a rien d’illustratif. Elle s’articule avec l’impulsion musicale en usant d’emprunts au vocabulaire académique : grands jetés, tours, ports de bras. Par sa radicalité, son langage parfois minimaliste, le chorégraphe américain livre ainsi une relecture « post moderne » du Lac qui désorienta le public balletomane.

Dans le premier acte, Andy utilise un matériel chorégraphique abrégé, pris dans le troisième acte, dansé sur des extraits d’un conte pour enfants.

La composition serait proche d’une écriture aléatoire, des principes de partition commune, des changements de plan, des choix d’espace différents, mélangé avec des twist et déhanchés de boîte de nuit !

Chaque interprète : Viviane Serry, Michaël O’Rourke et Andy de Groat, incarnent les trois rôles du Lac : Aude (Odette), Rothbart, Siefried. Trois solo et un trio introduisent cette pièce chorégraphique.

Le deuxième acte consiste en une danse marchée, obsessive, aux parcours complexes, qui maintient (sauf une accélération due à la musique) une atmosphère constante, minimale, inchangeante.

17 minutes de marche, de course, de fentes et de bras repris de l’acte I, une sorte de forme pantomime, qui caractérise les trois personnages.

Les pieds des danseurs marquent et dessinent les lettres de leurs prénoms tout au long de cet acte, avec un mouvement libre des bras, qui allègent ce tourbillon qui nous rappelle le spinning dont Andy est adepte depuis les années 70.

À la toute fin, pour un court moment, les trois danseurs sont alignés et tout s’accélère. À l’unisson, accumulation de l’écriture des trois prénoms des interprètes, unisson également des bras du premier acte, puis une autre partition de bras en solo, pour terminer par une posture commune disco et un déhanché pour final de l’acte.

Le troisième acte nous plonge dans la traditionnelle partition musicale de Tchaïkovski. Une lumière de couleur lilas éclaire le centre de la scène progressivement, les spectateurs découvrent des canards vivants et libres dansant sur les premières notes de Tchaïkovky.  

Dans l’acte 3, la théâtralité des trois personnages s’affirment… La danse des cygnettes, par exemple, appelé aussi pas de quatre, référence de ce ballet, est transposée pour ce trio, avec des moments fidèles à la partition originale et d’autres déjantés, théâtralisés et décalés…

« Dans la version pour 7 danseurs en 1995, dans le cadre du Festival d’Avignon, nous chantions sur scène à la fin de la musique des cygnettes « derrière devant derrière devant, pam pam pam pampam ; derrière devant derrière devant pam pam pam pampam, tintin !!! »

Olivier Clargé